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Cinq erreurs menant au refus

Par Moira Allen

mercredi 1er novembre 2006.

Traduction par Freyja


Si vous demandez à la plupart des éditeurs de fiction comment éviter les refus, ils vous diront tous la même chose : lisez les directives d’envoi. Passez en revue ce qu’ils ont publié. N’envoyez pas une histoire de science-fiction à un magazine de littérature générale et vice versa. N’envoyez pas un manuscrit de 10 000 mots à un magazine qui ne publie jamais de textes dépassant 5 000 mots. Vérifiez votre orthographe. Corrigez. Vérifiez votre grammaire. Présentez correctement votre manuscrit. Soyez professionnel. Beaucoup d’éditeurs disent que plus de 80% des nouvelles sont refusées parce qu’elles n’obéissent pas à ces règles élémentaires.

Mais que faire alors si vous avez suivi tout cela à la lettre et que vos histoires continuent de vous revenir, accompagnées de lettres de refus polies mais standards ? J’ai demandé à 50 éditeurs d’œuvres de fiction - de publications littéraires traditionnelles aux e-zines de flash fiction - à quels types de problèmes étaient dûs les 20% de refus restants. Il s’agit de problèmes empoisonnant les histoires qui respectent les conditions requises mais qui ne sont toujours pas à la hauteur. [1]

Mauvais débuts

« Une histoire a besoin d’un début qui captive le lecteur et le plonge dans l’histoire, » dit Linda Quillen, de Twilight Times. Si vous ne pouvez pas accrocher l’éditeur avec votre phrase d’ouverture ou votre premier paragraphe, il supposera que le lecteur n’accrochera pas non plus. « Vous devez absolument m’emporter durant ces premières phrases, » dit Ian Randall Strock, d’Artemis. Dave Switzer, de Challenging Destiny, recherche « quelque chose de nouveau — quelque chose que je n’ai jamais vu auparavant — dès la première page. Quelque chose d’unique à propos du personnage ou de la situation qui me pousse à continuer ma lecture. »

L’une des causes d’un début faible est de « prendre trop de temps avant d’en arriver à l’essentiel, » selon Diane Walton, d’On Spec. « Quand l’écrivain s’emploie pendant trois pages à expliquer l’histoire entière de la planète, on sait qu’on a un problème. » Doyle Wilmoth Jr, de Specificworld.com, approuve en définissant une histoire qui commence lentement comme une histoire dans laquelle « l’auteur croit nécessaire d’expliquer chaque petit détail pour que le lecteur comprenne. »

Une histoire doit faire plus que bien commencer, elle doit aussi tenir la promesse que ce début implique. « Certains auteurs novices réalisent un très bon début, mais ne comblent pas les attentes du lecteur par la suite, » dit Linda Quillen. « En tant qu’écrivain, vous devez éveiller la curiosité du lecteur, lui donner envie de savoir ce qui se passe ensuite, puis satisfaire ses attentes. » Une fois que vous avez accroché l’éditeur avec votre première phrase, la deuxième doit le pousser à continuer sa lecture, et ce jusqu’à la fin de l’histoire. Andrew Gulli, de The Strand Magazine, constate : « Les écrivains qui me restent en travers de la gorge sont ceux qui vous embarquent avec la première phrase et dont l’histoire s’avère ennuyeuse de bout en bout. Souvent les auteurs écrivent quelque chose avec un début et une fin. Il n’y a pas de milieu. » Anne Simpson, de l’Antigonish Review estime qu’ « en règle générale, un début faible est davantage pardonnable qu’une fin faible, mais les deux se doivent d’être solides pour que l’histoire fonctionne. »

Verbosité

Les éditeurs mentionnent un autre problème omniprésent : trop de mots. Beaucoup suggèrent aux jeunes auteurs d’apprendre à réduire leurs histoires de 10 à 50%. « L’erreur la plus flagrante que nous rencontrons dans l’écriture de création est le trop plein de mots, » disent Anthony Brown et Darrin English de Stickman Review. « Les jeunes écrivains, pleins d’énergie, lâchent tout et n’importe quoi dans leurs travaux pour impressionner les éditeurs. »

Plusieurs erreurs fondamentales d’écriture peuvent entraîner un excès de verbiage.

  • Trop d’adjectifs et d’adverbes. « Quand l’orbe ronde et jaune du soleil rampe furtivement et doucement dans le ciel azur matinal, on pourrait se demander pourquoi le soleil ne s’est pas simplement levé ; cela aurait arrangé un certain nombre de problèmes pour l’ensemble des concernés, » dit Max Keele, de Fiction Inferno. Si vous ressentez le besoin d’ajouter à chaque verbe un adverbe ou à chaque nom un adjectif, vous ne choisissez probablement pas les bons mots. Cherchez des noms forts et employez des verbes qui expriment ce que vous voulez dire, sans modification.
  • L’utilisation de grands mots quand des mots simples suffisent. « Personnellement, “ascension” me paraît inapproprié pour décrire un homme qui monte quelques marches, » dit Adam Golaski de New Genre. Chercher des alternatives à “dire” est une autre erreur fréquente ; trop souvent, les personnages “protestent” ou “ripostent”.
  • Trop de détails ou de fond d’histoire. Beaucoup d’écrivains se laissent piéger en ajoutant des détails ou des descriptions à outrance. « Décrire la couleur et la longueur des cheveux d’un personnage, c’est excellent si c’est pertinent, autrement c’est raté et vous pouvez supprimer, » dit Don Muchow de Would that it were. Diane Walton du On Spec déplore « ces longs “blocs” d’exposition qui stoppent net le cours de l’histoire, pour qu’un personnage puisse expliquer à un autre que leur société a fait ça pendant des siècles, ou le long discours au cours duquel le méchant explique pourquoi il doit tuer le gentil. »

La solution ? Mettez votre histoire de côté au moins une semaine après l’avoir écrite, puis revenez dessus et traquez les passages “superflus”. « Chaque mot doit faire son travail ; s’il tire au flanc, retirez-le, » dit Robbie Matthews de l’Andromeda Spaceways Inflight Magazine. Partez à la chasse aux adverbes et adjectifs en trop. Cherchez des noms et des verbes plus forts. Imposez-vous l’objectif de réduire votre dernier jet d’au moins 10%.

Personnages inexploités

Votre histoire peut débuter avec une idée intéressante (comme « Que se passerait-il si ? »), mais ce sont les personnages qui poussent les gens à continuer de lire. La plupart des éditeurs s’accordent sur le fait qu’ils sont à l’affût d’histoires menées par des personnages intéressants et crédibles. « Pourriez-vous imaginer le film Gladiator sans la scène dans laquelle Maximus perd sa famille ? » demande Doyle Wilmoth Jr. « Il y a de l’action, dans Gladiator, mais aussi un personnage qui nous touche profondément. Quelqu’un que l’on voudrait voir heureux. »

Les problèmes avec les personnages incluent :

Les personnages dont le lecteur se fichera. « Cela s’annonce particulièrement mal lorsque le protagoniste est quelqu’un qu’aucune valeur morale ne rachète, parce que nous devons nous intéresser à ce qui arrive aux personnages d’une histoire, sinon pourquoi s’embêter à la lire ? » dit Diane Walton.

Les personnages qui n’apprennent pas ou ne grandissent pas. Plusieurs éditeurs se sont plaints de personnages « plats, » aux obscures motivations ou qui réagissent simplement aux événements de l’histoire plutôt que d’être la source de l’intrigue ou du conflit. « Fondamentalement, le personnage principal doit décider de son propre sort ; on ne peut pas en décider pour lui, » dit David Felts, ancien éditeur du Maelstrom Speculative Fiction et actuel éditeur de SFreader.com. Skylar Burns, d’Ancient Paths, constate que « l’on a un plus gros problème encore lorsqu’un personnage subit une transformation rapide et surréaliste en quelques lignes de prose. » Marcia Preston, du Byline, fait remarquer que trop d’histoires dépeignent des personnages sans objectif apparent, ou sans raison impérieuse de vouloir atteindre un but particulier - un défaut qui revient dans les histoires sans conflit notable.

Les stéréotypes. « Pourquoi un riche homme d’affaires ne pourrait-il pas être gentil et compatissant ? Pourquoi les chômeurs sont-ils toujours paresseux et restent assis à ne rien faire dans leurs débardeurs, avec une canette à la main ? Pourquoi est-ce qu’il n’y en aurait pas un ou deux qui apprendrait le latin ou prendrait des cours de danse country ? » demande Sally Ligmonds, du QWF magazine. Rhonna Robbins-Sponaas du Net Author constate que lorsqu’un personnage est stéréotypé, l’histoire a souvent besoin d’une réécriture complète pour transformer le personnage en un être tridimensionnel qui vit et respire.

La solution ? « Connaissez vos personnages, le narrateur en particulier, » suggère Vitoria Esposito Shea, du Hand held crime. Vous n’avez pas besoin de donner chaque détail du passé de votre personnage au lecteur, mais vous devriez vous-même connaître son histoire. « C’est là d’où va venir la voix, et cela devrait aussi largement mener l’intrigue. »

« Souvenez-vous que chaque personne sur cette planète est unique, et possède une combinaison de traits qui la distingue des autres, » dit Bill Glose, du Virginia Adversaria. « Soyez spécifique. Au lieu de dire que “le patron du bar était odieux”, dites que “la peau autour de sa bouche rougeoyait, le gin enflammant ses joues rondes et suintant sur son double menton. Quand il parlait, son discours était mal articulé et ses mots, tranchants.” » Glose recommande d’utiliser l’action pour illustrer les traits d’un personnage.

Intrigues médiocres

Les éditeurs se plaignent de deux problèmes fondamentaux liés à l’intrigue : les intrigues usées et rebattues, ou l’absence d’intrigue. Ian Randall Strock dit que beaucoup de ses refus font suite à « un auteur envoyant une vieille idée minable, rebattue depuis des décennies, et sans avoir rien fait de nouveau avec. » Beaucoup estiment que trop d’auteurs tirent leurs intrigues de la télévision plutôt que de la vraie vie. « Nous ne voulons pas de l’intrigue du Buffy de la semaine dernière, » dit Diane Walton.

David Ingle, du Georgia Review, dit qu’au mieux, seules 10 histoires sur 1000 qui arrivant sur son bureau trouvent le moyen d’échapper au « marasme du conformisme. » Il note que la plus belle prose du monde ne peut pas compenser des personnages et des intrigues stéréotypées. « Ce qui me fait principalement râler, ce sont les histoires soi-disant “de famille” - histoires d’enfances malheureuses, de parents mauvais, abusifs ou d’époux égarés. » Il demande aux écrivains de faire en sorte que leurs histoires se démarquent des autres dans la pile sur le bureau de l’éditeur. « Au lieu d’une autre histoire de divorce racontée par l’un des époux découragés, pourquoi pas la même histoire relatée par la chaise préférée du couple ? »

Si certaines histoires ont une intrigue bancale, d’autres n’en ont pas du tout. « J’en ai reçue une qui parlait d’une femme qui faisait les magasins, à la recherche d’un chapeau. Et c’était tout, » déplore Paul Taylor, de Cenotaph. Alejandro Gutierrez, de Conversely, se plaint des « histoires qui commencent et finissent simplement sans que rien d’important ne se passe ou ne soit résolu par les personnages principaux. » Certaines histoires dépourvues d’intrigues se promènent d’un événement à un autre, d’autres ne sont qu’un méli-mélo d’actions sans aucun contenu émotionnel qui puisse toucher le lecteur.

La solution ? Ironiquement, la plupart des éditeurs pensent que la façon de résoudre le problème des histoires « dépourvues d’intrigue » ou pourvues d’une « intrigue usée » est de se focaliser sur les personnages. Si les personnages sont crédibles et ont des objectifs et des motivations intéressantes, leurs interactions conduiront l’intrigue. « La plupart des idées d’histoires ont déjà été exploitées, c’est aux auteurs de les présenter sous un angle différent pour les rendre originales, » dit David Felts. « Si les personnages sont assez réalistes, alors une intrigue recyclée peut fonctionner, car si le personnage est inédit, l’histoire l’est elle aussi. »

Pas d’objectif

Les éditeurs - et les lecteurs - ne cherchent pas seulement de l’action à couper le souffle et des personnages forts. Ils veulent aussi une réponse au « pourquoi. » Pourquoi devrais-je lire cela ? Pourquoi l’avez-vous écrit ?

« Cela ne signifie pas que chaque texte devrait adresser une morale digne d’Ésope ou un thème grandiose, mais plutôt qu’ils devraient tous renfermer une raison d’être en leur cœur. » dit Max Keele. « En fait, c’est la seule chose que j’exige d’une histoire, personnellement : qu’elle rime à quelque chose. Qu’elle me choque, m’effraie, m’énerve, me fasse réfléchir, pleurer ou vomir. N’importe quoi. » Ellen Datlow de SciFi.com dit qu’elle a lu jusqu’ici beaucoup trop d’histoires sans raison d’être apparente. « Je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle l’écrivain s’est ennuyé à écrire l’histoire - pas de passion, pas d’emportement inhabituel sur le sujet, des personnages ennuyeux et peu crédibles. Une histoire doit avoir quelque chose de spécial, pour me donner envie de l’acheter. »

Une histoire sans but a tendance à devenir “monotone” selon Rhonna Robbins-Sponaas. « Si l’on sort avec l’impression singulière de ne pas vraiment savoir pourquoi on a lu ce que l’on vient de lire, ou que la première pensée qui traverse notre esprit est que le lave-linge a terminé et que les vêtements sont prêts à passer au sèche-linge, alors l’auteur n’a pas amené la “raison d’être” de l’histoire aussi solidement qu’il aurait pu et dû le faire. »

La solution ? « Si je devais donner un conseil à un auteur, je lui dirais de revenir en arrière et d’être sûr de ce qu’est son histoire, puis d’être sûr d’avoir répondu au “pourquoi” de l’histoire pour que le lecteur quitte cette aventure avec la même conception de son importance qu’en a eue l’auteur. » dit Robbins-Sponaas. Brown et English, de Stickman Review, poussent les écrivains à « écrire sincèrement. Écrivez des histoires à propos de ce qui est important pour vous. Si vous écrivez sur quelque chose qui vous importe peu, cela sera évident aux yeux de vos lecteurs et ils s’en ficheront aussi. »

Que pouvez-vous faire ?

Le seul conseil que quasiment chaque éditeur avait à donner était « lisez, lisez, lisez. » Lisez les auteurs qui ont gagné des prix dans votre genre ou dans votre domaine. Lisez de la littérature classique pour savoir ce qui a déjà été fait, afin de ne pas présenter d’intrigues déjà vieilles et rebattues sans vous en rendre compte. « Étudiez les travaux d’auteurs dont vous aimez et respectez les histoires et essayez de comprendre comment l’écriture de cet auteur marche et pourquoi. » suggère Ellen Datlow. « Lisez à peu près trois tonnes de nouvelles de différents auteurs écrites ces cinquante dernières années, jusqu’à ce que vous trouviez quelqu’un dont le travail et le style vous excitent et avec qui vous voudriez rivaliser, et faites-le ! » dit Ray Foreman de Clark Street Review.

« Écrivez ! » dit Max Keele. « Et continuez d’écrire. Et écrivez encore. Refusé ? Et alors ? Écrivez une autre histoire. Encore refusé ? Qui s’en soucie, écrivez-en deux cette fois-ci. »

Quand vous avez fini, « laissez l’histoire reposer pendant quelques jours ou une semaine, » dit Richard Freeborn, d’Oceans of the Mind. « Revenez-y et lisez-la à haute voix pour vous-même. Je suis toujours surpris de toutes les incohérences et mauvaises transitions que je repère lorsque je fais cela. »

Une fois que votre histoire a « mûri » un peu, cherchez l’opinion de quelqu’un d’autre. « Trouvez un lecteur cultivé qui puisse fournir une réaction valable, comme ce qu’il ressent au fur et à mesure que l’histoire se dévoile, » insiste Linda Quillen. « Trouvez un lecteur qui mentionne les passages non crédibles, vous fait savoir quand l’histoire l’a laissé froid, et les parties où il s’est laissé emporter. »

Finalement, soyez sûr de ne pas faire l’erreur ultime et fatale, citée par Tony Venables d’Ad Hoc : « Croire que les gens devraient lire ce que vous écrivez simplement parce que vous l’écrivez. Il est nécessaire que les écrivains comprennent qu’ils doivent mériter leur public, lui faire sentir que cela vaut le coup de lire leur travail. Ceci ne signifie pas encourager les idées populistes, ou enrober de sucre ce que vous avez à dire - cela signifie faire le choix de ne pas être ennuyeux. »

ANNEXE : Les Sept Péchés Capitaux

En plus des cinq erreurs fatales citées ci-dessus, plusieurs éditeurs avaient leur propre bête noire à partager. Voici sept autres problèmes pouvant accélérer l’accès à la pile des refus pour votre histoire.

  • Le prêchi-prêcha. « Les histoires qui présentent une morale évidente, sans nuance, subtilité, ou complexité, sont les premières à rejoindre la pile [des refus], » dit Skylar Burns d’Ancient Paths.
  • Les clichés. « J’ai bel et bien reçu une histoire qui commençait comme ça : “C’était une nuit sombre et orageuse”, » dit Tom Rice d’Elbow Creek. « Cela montre que l’écrivain n’est pas particulièrement soucieux de la qualité de son histoire. »
  • Les noms saugrenus. C’est une autre bête noire de Tom Rice. « Rien ne me sort plus rapidement d’une histoire que de penser “Sincèrement, aucun parent sain d’esprit n’aurait appelé son enfant ainsi”. » Tommy Zurhellen de Black Warrior Review, approuve. « Ne soyez pas mignon. Quand je vois Mercutio ou Hezekiah, je laisse tomber l’histoire. Écrivez sur de vraies personnes. »
  • Manque de connaissances. « Si votre histoire s’articule autour des hackers informatiques, mieux vaut que vous soyez capable de retrouver votre chemin au moins dans votre propre ordinateur, » dit Tom Rice. « Si vous écrivez une histoire qui se déroule dans le Far West et que vous souhaitez inclure un personnage d’Indien, soyez sûr que la tribu dont il/elle vient existait réellement dans les limites du territoire dont vous parlez. »
  • Les histoires autobiographiques. « Gardez pour vous vos expériences personnelles, ne les mettez pas dans une enveloppe pour les envoyer à un éditeur, » dit Andrew Gulli de Strand Magazine. « Le grand écrivain est celui qui, en dépit de ses mauvais parents et de toutes les difficultés, est capable de créer quelque chose de si radicalement opposé que c’en est crédible. Plus facile à dire qu’à faire. »
  • Les titres malins. « Si nous avons un autre titre comme “À la recherche de Vanessa” ou “L’émouvant Shane”, nous poursuivrons quelqu’un en justice, » dit Zurhellen. « Ne faites pas le malin. Restez simple et concis. »
  • Les lettres d’accompagnement stupides. « Donnez-nous votre nom, quelques endroits où vous avez déjà été publié, et signez, » dit Zurhellen. « Les éditeurs ne veulent rien savoir de ce dont l’histoire parle, du temps que vous avez mis à l’écrire, ou de ce que votre mère en pense, ou de ce que quelqu’un d’à moitié célèbre a dit de vos écrits, ou de qui a refusé votre dernière histoire. » N’incluez pas votre CV, et limitez votre lettre d’accompagnement à une seule page. Et rendez-la intéressante, dit Don Muchow de Would that it were. « Je n’aime pas les auteurs qui sont effrayés, humbles, timides ou encore qui manquent d’assurance. Envoyez-moi le genre de biographie que vous raconteriez à une fête, pas celle que vous mettriez sur un curriculum. Si vous pensez que vous n’êtes pas intéressant, personne d’autre ne pensera le contraire. »

ANNEXE : Dresser le bilan

Par Dave Carey, éditeur de The Leading Edge.

À mes yeux, le problème le plus commun aux nouveaux écrivains est le maintien de l’équilibre délicat qui façonne une histoire. La plupart des bons travaux peuvent être vus comme une balance avec trois plateaux : le premier renferme toute l’action de l’histoire, le suivant comporte le dialogue et le développement des personnages, et le troisième contient tout le décor et la description. La plupart des histoires que nous finissons par refuser, pour d’autres raisons qu’une écriture franchement médiocre, souffrent d’un déséquilibre entre ces trois éléments.

Cependant, contrairement à la médiocrité, il n’y a pas vraiment de solution à la question de l’équilibre. Pour corriger une écriture défaillante, on a simplement besoin de lire et d’écrire plus (notez que je mentionne les deux ; l’un ou l’autre exclusivement ne suffira pas). Corriger l’équilibre, toutefois, requiert une connaissance intime de quelque chose d’infiniment plus nébuleux - les attentes de votre public. Les histoires dans lesquelles l’équilibre est décalé, même faiblement, laissent les lecteurs avec un goût désagréable dans la bouche, quasi-indescriptible ; souvent, ils ne savent pas consciemment pourquoi ils n’ont pas aimé ! Ce sont les histoires dans lesquelles il y a trop d’action - ou pas assez. Ces sont les contes qui ont trop de babillages sans aucun sens dans leurs dialogues - ou pas de dialogue du tout. Ce sont les récits presque cauchemardesques et ennuyeux où nous n’apprenons quasiment rien sur l’environnement dans lequel les personnages vivent, et dans lesquels trois pages sont nécessaires pour découvrir si le genre en question est de la science-fiction ou de la fantasy, simplement parce qu’on ne nous en dit pas assez.

Les problèmes d’équilibre peuvent être corrigés, mais cela requiert en général une certaine faculté que les nouveaux auteurs n’ont pas complètement développée. La meilleure solution est, croyez-le ou non, de simplement remanier le texte jusqu’à ce qu’ « il ait l’air mieux qu’avant, » et de continuer à le faire jusqu’à ce que vous pensiez être prêt à l’envoyer. Je suggère d’établir un plan en étiquetant chaque paragraphe selon le “plateau de la balance” auquel il appartient, et en les examinant. Ajoutez, retirez, bougez ou changez jusqu’à ce que les choses vous paraissent bien. Prendre l’histoire d’un auteur que vous admirez déjà, et la diviser suivant ses composantes pour voir comment elles se complètent peut tout particulièrement aider.

Mon but n’est pas de décourager les écrivains de faire des expériences avec l’équilibre. Beaucoup d’histoires géniales avec une « fin surprise » dépendent presque entièrement de la manière dont les attentes du public sont perverties en bricolant l’équilibre. Mais on doit reconnaître que ce sont des expériences et que par conséquent elles échoueront plus souvent qu’elles ne réussiront. Pour un jeune auteur, s’exercer pour obtenir un arrangement naturel correct sera déjà un bon défi.

Moira Allen, éditrice de Writing-World.com, a publié plus de 350 articles et chroniques, ainsi que sept livres, y compris How to Write for Magazines, Starting Your Career as a Freelance Writer, The Writer’s Guide to Queries, Pitches and Proposals, et Writing.com : Creative Internet Strategies to Advance Your Writing Career (tous en anglais). Elle collabore en tant qu’éditrice pour le magazine The Writer et a écrit pour le Writer’s Digest, Byline, et diverses autres publications sur le thème de l’écriture. En plus de Writing-World.com, Elle héberge le site de voyage TimeTravel-Britain.com, The Pet Loss Support Page, et le site de photographie AllenImages.net. Elle peut être contactée via sa page de contact (messages en anglais).

Cet article a d’abord été publié en anglais sur Writing-World.com - http://www.writing-world.com/.

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3 Messages de forum

  • Cinq erreurs menant au refus

    3 novembre 2006 16:37, par Ness
    Waooo, j’ai vraiment adoré cet article ! Très instructif, et terriblement vrai. Bon, ok, ce commentaire n’est pas très constructif, mais voilà, génial.

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  • Cinq erreurs menant au refus

    23 mars 2007 10:37, par linka
    Excellent article, fort riche et pleins d’enseignements. Je ne sais plus trop où me situer par rapport àtout ça. Il semble qu’il y ai des bons points dans mon histoire, mais je n’ai encore rien envoyé. Je pense que je vais une fois de plus relire et retravailler avant de me lancer, en suivant ces conseils judicieux. Merci beaucoup. :)

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