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Que veut votre protagoniste ?

Par Paula Fleming

mardi 15 avril 2008.

Traduction par Shakes


Si dès la première page, notre héros est attaqué par un poulpe géant, ses désirs sont assez évidents : il veut rester en vie. Les motivations du personnage sont tout aussi claires si les Fées lui volent sa petite fille : il veut qu’on la lui rende. Si l’on confie une affaire de meurtre à deux policiers d’une station spatiale, ils veulent la résoudre.

Jusque-là, rien de compliqué. Néanmoins, la force même de la SF (mettre les personnages sous la pression de circonstances extrêmes) peut mener à une faiblesse : celle de créer des protagonistes sans autre raison d’exister que d’endurer notre scénario. Lorsque des personnages superficiels combattent des poulpes, partent vers le monde des Fées et poursuivent un meurtrier, ils s’en sortent bien. Mais lorsqu’ils doivent faire des choix difficiles, leurs motivations deviennent énigmatiques.

Et si les poulpes sont proches de l’extinction ? Est-ce que notre héros le tue pour se sauver ou, lorsque la fuite se révèle inutile, se laisse-t-il achever afin que l’octopode puisse vivre et un jour avoir des petits ? Voilà une dure décision, d’autant qu’il devra la prendre au beau milieu d’un combat à mort. Pour comprendre ses actions et les sentiments qu’il éprouve à leur sujet, nous avons besoin de connaître un peu ses buts dans la vie avant de rencontrer le poulpe.

Négocier le retour du bébé avec le peuple des Fées risque d’être difficile. Quelles promesses fera notre jeune mère pour qu’on lui rende sa fille ? Dérobera-t-elle un autre nourrisson de son village tous les ans pour le donner aux Fées ? Leur offrira-t-elle ses deux enfants suivants ? Se proposera-t-elle à la place ? Et si, en l’absence de la mère, la seule autre personne pour élever le bébé se trouve être un oncle diabolique qui torture régulièrement ses propres rejetons, s’offrira-t-elle toujours en échange ou laissera-t-elle sa fille aux Fées ? Nous devons connaître les détails de la conduite morale de cette femme pour donner un sens à son choix.

Peut-être que la seule façon de résoudre le meurtre est de pénétrer dans le quartier extraterrestre de la station, mais qu’y aller est strictement interdit et pourrait causer une crise diplomatique intergalactique. Nos membres des forces de l’ordre s’y rendent-ils quand même ? Ou déclarent-t-il l’affaire irrésolue et passent-ils à une autre ? Ou bien l’un agit-il d’une façon et l’autre différemment ?

Les histoires commencent à la première page. Les personnages voient le jour bien avant.

Pour donner à nos personnages un temps d’avance sur l’histoire, cela peut aider de leur écrire une « page zéro ». Cela va au-delà de la « fiche du personnage » (bien que ce soit aussi un bon outil) et utilise une approche plus narrative. Que devons-nous écrire sur la page zéro ? Répondre aux questions suivantes peut offrir un bon point de départ :

  • Que voudraient-ils qu’on dise à leur enterrement ou qu’on chante à leur veillée funèbre ?
  • S’ils pouvaient se marier, vivre ou sortir avec l’être de leurs rêves, de qui s’agirait-il ?
  • Comment ont-ils été amenés à leur travail actuel ? Si leur activité est de naissance (ex : Gilfa est née paysanne dans un village qui élève des chèvres, donc elle en garde), alors que voudraient-ils vraiment faire s’ils avaient d’autres possibilités ? À quoi seraient-ils meilleurs (peut être différent de ce qu’ils aiment le plus) ?
  • Qu’est-ce qui les rendrait heureux de se lever le matin ?
  • De leur point de vue, quelle est la pire chose qu’ils ont jamais faite ? La meilleure ?

Dessinez (aucun don pour le dessin n’est exigé, vous pouvez utiliser des points et des lignes). Placez votre personnage au centre. Placez près de lui les êtres qui lui sont le plus cher, plus loin ceux qui le lui sont moins, etc. Utilisez des cercles pour indiquer les groupes de gens, tels que « les villageois » ou « les membres de la guilde ». Lorsque tous ceux ayant avec lui un rapport important sont sur le dessin, tracez des lignes plus ou moins épaisses pour montrer la force des liens avec le héros et avec tous les autres personnages de la page. Utilisez des flèches pour montrer l’importance des différentes relations ; par exemple, Jareem aime Alyssa alors qu’elle sait à peine qu’il existe : utilisez une ligne large avec une flèche qui pointe vers Alyssa.

Servez-vous de ces questions ou inventez les vôtres. Dans tous les cas, assurez-vous que la vie de votre personnage commence bien avant votre histoire. Cela vous aidera aussi avec la fin car l’existence de votre personnage ne s’arrête pas là, elle se poursuit. Même si le protagoniste meurt, ses décisions devraient avoir des conséquences sur son entourage, c’est dans ce sens que sa vie continue. En étayant complètement nos personnages, nous pouvons écrire des histoires qui se terminent pleines de fatalités et de possibilités : le genre d’histoires qui émeut et implique profondément nos lecteurs.

Les textes de science-fiction et de fantasy de Paula L. Fleming sont apparus dans nombre de publications, y compris gothic.net, Tales of the Unanticipated #20, #22 et #24, l’anthologie Such a Pretty Face de Meisha Merlin, et Extremes 3 : Terror on the High Seas de Loves Wolf Publishing. Diplômée de l’atelier Clarion (Clarion Workshop), Paula s’occupe d’une liste des marchés de fiction spéculative (mise àjour tous les trois mois). De jour, elle s’occupe des ressources humaines àla Wedge Community Co-op. Pour l’aider, elle a trois gros chiens, deux chats et un mari.

Cet article a d’abord été publié en anglais sur Writing-World.com - http://www.writing-world.com/.

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